« Thèmes et Variations » du mois d’avril reprend le thème de la mer dans la musique – un sujet passionnant que nous avons exploré le mois dernier, avec des œuvres de Rimski-Korsakov, Mendelssohn, Fauré, Ravel et Arnold Bax. Ce mois-ci, c’est Claude Debussy qui se retrouve sur le devant de la scène, avec son chef-d’œuvre orchestral de 1905, intitulé, tout simplement La Mer. Dans ce portrait virtuose de l’océan dans toutes ses humeurs, merveilleusement orchestré, on retrouve trois aspects clés de l’esthétique de Debussy : l’impressionnisme, le symbolisme et le japonisme. En fait, Debussy, qui avait la passion des objets et estampes d’Extrême-Orient, a choisi de faire imprimer en couverture de sa partition la célèbre gravure La Grande Vague de Katsushika Hokusai (1760–1849).

« La musique et la mer (2) » Diffusion le mardi 22 avril à 15h, rediffusions le dimanche 27 à 20h et le jeudi 1 mai à 9h.15.
Claude Debussy (1862-1918)
Ensuite, traversant la Manche, nous découvrons deux émouvantes mélodies avec orchestre du compositeur anglais Edward Elgar (1857-1934), extraits de son cycle Sea Pictures. Puis, de retour en France, nous plongeons dans l’univers musicale de Gabriel Fauré, avec le cycle de mélodies pour baryton et piano L’Horizon chimérique, composé en 1921. Pour ce cycle, Fauré prend quatre poèmes du jeune poète français, Jean de la Ville de Mirmont, tué sur le front en 1914, à l’âge de 27 ans. Il n’y a pas de meilleure façon de clore une émission sur la mer et la musique que d’écouter ce que Fauré fait avec le dernier poème du cycle :
Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte ;
Le dernier de vous tous est parti sur la mer.
Le couchant emporta tant de voiles ouvertes
Que ce port et mon cœur sont à jamais déserts.
La mer vous a rendus à votre destinée,
Au-delà du rivage où s’arrêtent nos pas.
Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées ;
Il vous faut des lointains que je ne connais pas
Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.
Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d’effroi,
Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,
Car j’ai de grands départs inassouvis en moi.
Edward Elgar (1857-1934)
Gabriel Fauré (1845-1924)
Jean de la Ville de Mirmont (1816-1914)